Janvier 1970 : Charles, "le drogué français de Katmandou", sauvé in extremis, regagne la France. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Qui est ce garçon de 30 ans ? Qu'a-t-il fait ?
Un an plus tard, soigné, désintoxiqué, Charles Duchaussois nous livre lui-même son histoire dans un formidable roman d'aventures vécues. Son moteur : un gigantesque appétit de vivre et de connaître. Son combustible : la drogue, toutes les drogues. Sa chance : un héros qui sait sauter à la gorge des occasions qui se présentent, aussi risquées soient-elles.
De Marseille à Beyrouth, d'Istanbul à Bagdad, de Bombay à Bénarès, en bateau, à pied, en voiture, Charles peu à peu se rapproche de Katmandou, le haut lieu de la drogue et des hippies. Sa route est jalonnée d'aventures extraordinaires. Au Liban, il s'associe à des trafiquants d'armes, il participe, dans les montagnes à la récolte du haschich. A Koweït, il dirige un night-club. Au Népal, il devient pendant quelques temps le médecin et le chirurgien des paysans des contreforts de l'Himalaya. C'est enfin l'épisode de Katmandou et l'évocation saisissante de l'univers des drogués : l'opium, le haschich qui font "planer", le "flash de la première piqûre, le " grand voyage" du LSD.
L'arrivée de Charles à Katmandou
"Nous sommes le 4 juillet 1969. Dans six mois, à six jours près exactement, je serai dans l'avion qui décollera pour Paris. A moitié mort. Pour l'instant, en sautant du camion, solide, confiant, j'ai tous les sens en éveil. Je suis dans une ville asiatique plate, pas très grande, à peine différente des autres, c'est-à-dire qu'elle grouille de monde, qu'on voit partout des coupoles, des temples. Mais celle-là a quelque chose de différent : l'air y est extraordinairement léger. C'est normal, Katmandou est à 1000 mètres d'altitude et au loin on voit les cimes enneigées de l'Himalaya. C'est cela, ma première impression, ce qui m'a tout de suite frappé : la légèreté de l'air. Il est vivifiant, très oxygéné, revigorant. Et, ironie, quand je pense aujourd'hui à ce qui m'est arrivé, je me dis : Au moins, ici, je vais m'oxygéner."
Peu après...
"Je suis maintenant comme un vrai fou. Quand je m'arrête, toutes les heures, pour me shooter, je sors ma boîte à haschisch en fer, je l'ouvre et je me regarde dans la petite glace. J'ai un visage à faire peur. Mes cheveux sont devenus longs comme ceux d'un vrai hippie, ma barbe, jamais taillée, me mange le visage. Je suis d'une pâleur effrayante. Un jour, j'ai un accès de curiosité morbide. J'imagine quelque chose qui est bien un macabre caprice de drogué jusqu'au dents. Je place la boîte sur une pierre bien calée, j'incline la couvercle en biais, je me déshabille. Entièrement. Je me rappelle, je vois les os de mes hanches, effroyablement saillants, et toutes mes côtes qui apparaissent."